La reine de Bretagne : La pomme

Aujourd’hui, la pomme demeure le 1er fruit consommé en France. Un fruit perçu comme sain mais aussi très imprégné de produits chimiques. Il est très utilisé par ailleurs pour la production de crèmes cosmétiques. La Bretagne est la terre où la pomme est reine. Le fruit est devenu un patrimoine culturel et naturel en Bretagne. Les Bretons et la pomme ont lié leur destin depuis des siècles. Mentionné dès le 14e siècle en Ille-et-Vilaine avant de s’étendre à la Basse-Bretagne, le fruit le plus consommé de France a fait les beaux jours de l’économie rurale en Bretagne. Il faut attendre le 16e siècle pour voir les prémices de la culture du pommier domestique en Bretagne. Particulièrement adaptée au climat doux et humide, la culture de la pomme prolifère pour devenir l’un des piliers de l’agriculture bretonne.

Symbole des pratiques et savoir-faire, les pommiers en « haute-tige » composent avec la faune et la flore locale des « vergers complantés ». Que le fruit soit « à cidre » ou « à couteau », la pomme est le fruit de tous les jours. Dans la paume de l’homme

L’origine de la pomme pourtant n’est ni bretonne, ni normande. Elle débarque en Europe dans l’Antiquité. La pomme telle que nous la dégustons aujourd’hui est le fait de croisement, de sélection, de greffages multiples pour autant de variétés : Reinette d’Armorique, Chailleux, Pied Court, Peau de chien, Rouget de Dol…

Transmis par le bouche à oreille, les savoir-faire horticoles et la promotion des variétés les plus intéressantes ont été progressivement théorisés avec l’apparition des sciences horticoles. Au 19e siècle, les écoles primaires, l’enseignement agricole et diverses organisations spécialisées diffusent les bonnes pratiques et les variétés qui assurent aux exploitants les meilleurs rendements. Aujourd’hui près de 3000 variétés de pommiers sont recensées en Bretagne.

L’activité cidricole permet à la pomme de devenir un levier de développement économique et une source de revenus complémentaires. Denrée moins périssable que d’autres fruits et légumes, elle est aussi un moyen de subsistance alimentaire non négligeable.

Au fil des ans, les techniques de greffage, de plantation et de taille ont peu évolué. Contrairement à l’implantation des vergers, le choix des variétés et les systèmes de protection (parasites, maladies…) ont beaucoup évolué pendant les Trente Glorieuses afin de répondre à la pression économique de l’agriculture intensive.

La pomme, une production juteuse

Comment expliquer ce lien indéfectible qui unit la pomme et l’agriculture bretonne ? Plusieurs raisons le justifient : la pomme est un fruit facile à cultiver, à conserver, à transformer et à déguster, aussi bien cru que cuit ou pressé.

La pomme et ses dérivés permettaient aussi aux petites fermes de compléter leurs revenus de façon non négligeable. Pourtant, ce sont bien les plus grosses exploitations agricoles, liées à la production de cidre et d’eau-de-vie encadrée par l’État, qui surent tirer des profits plus avantageux encore. Impossible pour autant d’effacer les mémoires dans lesquelles les phases de ramassage, de conservation et d’élaboration du cidre et de l’eau-de-vie ont fortement marqué la vie des bretons.

Autour de la pomme, un vrai réseau commercial s’est constitué : le transport, le négoce, la fabrication de tonneaux ou de barriques. Les cidreries, distilleries et confitureries se sont développées en même temps que les vergers se développaient.

Dans les années 1930, l’Ille-et-Vilaine était le 4e département français producteur de pommes de table. Après la Seconde Guerre mondiale, la production de pommes s’est essoufflée. Concurrencé par le vin, les alcools forts et les sodas, le cidre faisait moins recette à table. Dans les années 60, la révolution agricole s’est tournée vers d’autres productions plus rentables largement encouragée par l’État à arracher les pommiers.

La pomme à boire et à manger

Au début du 20e siècle, les Bretons consommaient trois à quatre litres de cidre par jour et par personne… Même les enfants – mais avec un peu d’eau pour couper, ou chauffé pour enlever l’alcool !

Breuvage de tous, de tous les jours, à la ville comme à la campagne, le cidre coulait à flot dans les bistrots, les foires, les mariages, les fêtes et même les pardons, acheminé en fûts entiers. Considéré comme une boisson saine, le cidre était consommé en masse dans une Bretagne où l’eau courante n’offrait pas toutes les garanties d’hygiène pour son usage alimentaire. Le cidre présentait a contrario l’avantage de retirer les bactéries par l’effet de la fermentation.

La pomme symbolique

L’imaginaire breton a intégré la forte valeur symbolique de la pomme, issue des mythologies gréco-romaines et celtes. Dans l’histoire de l’art, des contes et des légendes, elle est au cœur des enjeux fondamentaux de la vie, de l’amour, de la mort et de la connaissance. À Plougastel, la cérémonie de Cérémonie appelée « l’arbre à pommes », héritée des druides, fait le lien symbolique entre les vivants et les morts.

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