Le « temple » de Lanleff, sans doute le plus ancien édifice du Haut Moyen-Age encore visible en Côtes d’Armor, voire en Bretagne.
Remarquable par ses deux enceintes concentriques , en particulier les 12 arcades et 12 colonnes. Dans la symbolique chrétienne, ce chiffre représente « ce qui est complet » en référence avec les 12 tribus d’Israël, les 12 apôtres, les 12 mois de l’année ou les 12 signes du Zodiaque… On a, en outre, compté plus de 140 éléments décoratifs ornant les chapiteaux et les bases de colonnes dont une fameuse représentation de « Adam pudique ».
Le Temple de Lanleff est une église du plus pur style roman primitif qui date des Xe ou XIe siècle. Son nom, d’après une charte datant de 1148, est officiellement « Sainte-Marie-de-Lanleff ».
C’est aux alentours de 1730 que des sculptures découvertes par des érudits de l’époque les incitent à croire que l’édifice était dédié au culte du soleil…
Un autre « savant », encore plus original, affirme même y avoir trouvé les traces du culte d’Isis, la déesse égyptienne… Une théorie qui ne dura pas très longtemps. Mais le nom de temple était donné…
L’édifice se présente sous la forme de 2 murailles concentriques, sans couverture. En 1857, un if qui poussait au centre du temple a été abattu pour des raisons de sécurité. Il était réputé avoir atteint l’âge vénérable de 600 ans, ce qui situait sa naissance aux alentours de 1200… Mais au regard de son diamètre, cet arbre n’avait probablement pas plus de 300 ans. Le toit se serait donc écroulé aux alentours de 1500… Sans doute par manque de moyens destinés à l’entretenir.
On trouve aussi un certain nombre de pierres volcaniques de couleur sombre, appelées spilite ou tuffeau vert; il y a même quelques blocs de granite gris-beige.
John Monteney Jephson, l’auteur de « Narrative of a walking tour in Brittany » réalise les premiers clichés connus de l’édifice les 17 et 18 août 1858. Aux mêmes dates exactement, l’empereur Napoléon III était en visite à Saint-Brieuc.

Un peu en contre-bas de l’édifice, se trouve un lavoir, alimenté par une source dite « fontaine ». On raconte que par les profondeurs de la fontaine on pouvait communiquer avec le diable. Une pauvresse, un peu sorcière et mère de nombreux enfants, ne pouvant plus les nourrir, conclut un marché avec Lucifer : elle lui donnerait un de ses enfants et recevrait en échange une grosse somme en pièces d’or. L’échange se fit sur le bord de la fontaine. Le diable saisit l’enfant et mit dans la main de la pauvre femme les pièces toutes brûlantes du feu de l’enfer. La sorcière, en essayant de les saisir, se brûla si cruellement qu’elle les laissa tomber sur le bord du lavoir. On peut voir encore sur la pierre l’empreinte de ces pièces.
Mais cette légende trouve son origine dans la langue bretonne :
Mojenn ar feunteun (Lanleñv).
Lâret e vez e veze moaien da vont war-dro an diaoul dre foñs ar feunteun.
Ur paour-kaezh mamm, kalz a vugale dezhi ha gwrac’h un tammig, a soñjas ganti kaout un toullad mat a bezhioù aour digant Lusifer, ouzh unan eus he bugale.
Graet ar marc’had. Tapout a reas an diaoul krog er bugel ha taol a reas ar pezhioù aour, tomm-gor evel tan an ifern, war vaen ar feunteun.
Pa glaskas ar wrac’h tapout krog enne, ’vat, e voe devet ken e skoas anezhe en dour.
Gwelet e vez c’hoazh roudoù ar pezhioù-se war ar maen.

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